Complètement contre : le problème est bien trop complexe pour le balayer par un simple « non ». Nous sommes d’accord que ce n’est pas une solution viable.
Mais ce n’est valable que pour les carburants actuels (dits « de première génération »), avec l’usage actuel qu’on fait des moteurs thermiques (c’est-à-dire à tire-larigot, une personne par voiture et une voiture par personne), et des moteurs flex-fuel qui consomment presque 10l/100km, parce qu’on n’a aucune expérience dans ce domaine.
L’augmentation dramatique des prix des matières premières agricoles est loin d’être due seulement aux agro-carburants : avant même qu’on ne produise le premier litre d’éthanol, les stocks de céréales étaient au plus bas depuis 60 ans. Et quand il n’y a pas de stocks, les acheteurs s’affolent, les producteurs font déjà leur maximum... et donc, bien entendu, les prix ont commencé à augmenter.
Et quand les prix augmentent quelque part, les spéculateurs arrivent avec l’empressement des charognards sur un cadavre frais : il n’ont rien à vendre, besoin de rien, mais ils achètent et vendent, juste pour grappiller un peu de pognon sur la hausse des prix.
Les spéculateurs sont largement plus coupables de la hausse que les biocarburants.
De plus, dans une baguette, il y a à peine 5% du prix qui correspond à la farine. Le reste ? entre autre, le pétrole pour faire chauffer le four, pour transporter le pain et la farine, etc. et bizarrement, le prix du pétrole aussi a dramatiquement augmenté.
Nous sommes donc bien d’accord, les biocarburants de première génération ne sont pas une solution.
Mais où un moratoire nous amènerait-il ? On arrêterait la recherche sur les biocarburants de 2ème génération ? On arrêterait de chercher à améliorer le rendement des existants (on a un siècle d’expérience sur le pétrole, et on voudrait faire aussi bien de suite avec l’éthanol) ? les voitures flex-fuel n’auraient plus le droit au bonus écologique, alors que les vraies voitures « certifié pétrole fossile non renouvelable » pourraient s’auto-proclamer « écologiques » ?
Bref, interdire purement et simplement le développement des biocarburants, surtout en France, serait une absurdité : chez nous, la forêt n’a jamais été aussi étendue depuis le Moyen âge, nous n’avons aucun problème de production (un peu de pollution, peut-être, dans les grandes zones d’élevage), nous commençons à adopter des démarches de développement durable dans le monde agricole....
Et un moratoire, par définition, n’impliquerait que la France. Mais sinon c’est pas grave : avec leur recherches sur la canne à sucre OGM et les millions d’hectares de forêt tropicale qu’ils abattent, le Brésil et l’Indonésie auront vite fait de compenser la production d’éthanol que nous ne ferons plus.... les prix seront toujours aussi élevés, nous serons un peu plus dépendants, ça fera un débouché de moins pour nos agriculteurs...
Mais nous aurons notre bonne conscience pour nous, c’est ça ?
En espérant qu’il y en aura au moins quelques-uns qui m’auront lu jusqu’au bout.
Et je reste ouvert, je veux bien en discuter avec qui veut!